Dr. SabaDans l’article de La Presse le 5 octobre 2013, le Dr Gaétan Barrette s’interroge sur les risques de dérapage si la loi 52 sur l’aide médicale à mourir franchit avec succès sa dernière étape. Oublions les hypothèses au sujet du bien-fondé de l’euthanasie et discutons des faits suscitant une vigoureuse remise en question de cette procédure.

 

 

 

 

1- Neuf millions de médecins de L’Association Médicale Mondiale (AMM) à travers 100 pays condamnent l’euthanasie. Pourquoi ?

 

2- L’euthanasie autorisée légalement en Belgique montre de sérieux dérapages en étant utilisée chez des sujets non en « fin de vie ». Dans ce pays, des gens sont euthanasiés à cause de l’épuisement de vivre ou d’un état dépressif, sans préavis à la famille.   Un patient  Nathan Verhelst (« Nancy ») de 44 ans qui n’était pas heureux avec la chirurgie pour changer son sexe fut euthanasié le 30 septembre, 2013.  En 2003, toujours en Belgique,  l’adoption d’une loi autorisant l’euthanasie entraîna  235 décès prématurés. En 2012, ce nombre s’éleva à 1,432 décès. Actuellement, le sénat belge discute de la possibilité d’élargir l’accès à l’euthanasie aux mineurs souffrants et affectés par une maladie sévère. Au Pays-Bas, cette loi permet déjà l’euthanasie pour des nouveaux nés et des jeunes enfants.

 

3- Les balises mises en place  en Belgique n’assurent pas une protection complète. Le tiers des patients  euthanasiés en Belgique n’aurait  pas été en mesure de donner un consentement libre et informé. Toujours en Belgique, presque 50% des cas d’euthanasie n’ont pas été rapportés aux autorités.

 

4- Il n’existe pas de modèle fiable pour déterminer avec précision la durée de vie des patients avant leur décès. Les modèles de calcul sophistiqués utilisés pour prédire la fin de vie dans les prochains six mois chez les patients porteurs de maladies chroniques montrent une précision de 50%.

 

5- L’euthanasie est discriminatoire pour les patients souffrant de problèmes de santé mentale. Ces patients ne sont pas en stade de vie terminale et à cause de leur maladie, ils ne sont pas en mesure de prendre une décision libre et éclairée. Le droit d’accéder à l’euthanasie crée des risques non négligeables tels que les décès prématurés chez ceux qui souffrent  de conditions potentiellement réversibles.

 

 

6- La tentation est grande de réaliser des millions de dollars d’économie par le biais de l’euthanasie. L’euthanasie est une approche très efficace pour épargner des sommes importantes et les soins palliatifs exigent des ressources financières beaucoup plus lourdes. Au Québec, 20% seulement des patients  ayant besoin de soins palliatifs ont  accès à ces services. En Oregon, le traitement pour un cancer doit obtenir un taux de réussite de plus de 50% pendant  24 mois—même pour les personnes à jeune âge, pour que le gouvernement accepte de supporter le coût des soins médicaux.

 

7- En légalisant l’euthanasie, les citoyens du Québec prennent l’allure de citoyens de seconde zone en comparaison avec les criminels.

En effet, nous avons aboli la peine capitale pour éviter la mort d’innocents suite à des erreurs judiciaires et les gouvernements investissent des sommes astronomiques pour les services de réclusion.

Les sept points apportés sont des faits clairement établis. La légalisation de l’euthanasie a bien du mal à justifier sa présence dans une société qui a choisi de défendre les droits individuels et qui prône le respect de la vie.